newsletter Albanien

Schweizer Zeitschrift für die Zusammenarbeit mit Albanien
Informationen für an Albanien Interessierte

Swiss non-profit Journal for the Cooperation with Albania

Journal Suisse pour la Cooperation avec l'Albanie


 
 
Albanien

Allgemeine Informationen

Aktuelle Ausgabe

Alte Ausgaben

Adresse

Abonnements

Mein Artikel

Informations en Français

Articles en Français

English Informations

Articles in English

freins au developpement

Le deuxième article, cette fois sur les effets pervers du communisme

Il est noté ce fait que le communisme, religion du travailleur, arrive paradoxalement à dégoûter le travailleur du travail. Puisque tous sont à égalité, du médecin à l'OS sur machine, puisque tous sont certains d'avoir un logement et du pain sur la table, pourquoi faire un effort. Les possibilités de promotion n'existent que par et dans le parti. Mais la majorité des gens n'est guère motivée par l'ascension au sein du parti, mis à part les ambitieux qui sont prêts à sacrifier père et mère pour arriver et qui n'hésitent pas à monter en passant sur le dos des autres, en écrasant tous ceux qui se trouvent sur leur chemin, par la dénonciation, la délation,etc ...

Il est dangereux d'avoir des idées, il est interdit d'avoir de la créativité. Les initiatives privées sont condamnables au même tarif qu'un crime politique. Il n'existe pas de travail indépendant, tout doit passer par l'état et venir de l'état. L'état est la bénédiction du petit travailleur, mais également un père restrictif, punitif et vengeur. Résultat: ici, personne ne rit, ni ne chante. Il n'y a aucune liberté d'expression, aucune expression de sentiments réels. L'état a appris aux individus le mensonge, la dissimulation, l'hypocrisie, et malheureusement la lâcheté par une politique de terreur. Il est impossible de savoir ce que les gens pensent vraiment.

Dans le courant de la scolarité, il est obligatoire que tous les étudiants aient un diplôme, alors tant pis pour la qualité de l'enseignement. Une plaisanterie albanaise courante est celle-ci les policiers viennent en général de la montagne. A peine scolarisés, ils savent tout juste lire et écrire: un policier vient se présenter à un examen pour devenir enseignant et il déclare: "je n'ai pas besoin de passer l'examen vu que je suis policier". Cela signifie-t-il que les albanais ont conscience du grave malaise dans l'éducation nationale? Ce n'est pas certain. Sans obligation de résultats, pourquoi voulez-vous que les élèves fassent effort et pourquoi voulez-vous que les enseignants se passionnent pour leur enseignement, les résultats positifs étant garantis. De plus, il est toujours possible «d'acheter» son diplôme... Etant donné que l'état exige une réussite totale de l'enseignement (sinon c'est la prison pour «le mauvais enseignant»), les enseignants mettent des bonnes notes partout quelle que soit la qualité, des études effectuées. Et nous nous trouvons face à des diplômés qui ne savent pas travailler, que ce soit des mécaniciens qui ont étudié pendant 3 ans et plus, la mécanique auto «théorique» mais qui n'ont jamais vu un moteur, que ce soit un conseiller financier qui ne sait pas tenir des livres de compte et encore moins les interpréter, quant à 11 h du matin, la banque n'est pas encore au courant des taux de change qui, eux, sont déjà connus des petits changeurs dans la rue.

En fait, dans le communisme, la sécurité, de l'emploi est totale mais il n'y a aucun motif de travailler plus, vu que les individus ne gagneront pas plus. Cela va jusqu'à un désintéressement total du travail donc il n'y a aucun rendement, aucune efficacité. Les albanais semblent également ignorer des notions comme qualité du travail et finition du travail. Lorsque l'on voit comment les choses sont faites, nous n'en croyons pas nos yeux. Ce n'est ni propre, ni bien fait, ni fini. Mais pour eux, quand ça fonctionne, le travail est fini mais cela va fonctionner combient de temps? Chi lo sa? Cette mentalité de travail reste totalement dans la ligne communiste. Ils ne savent ni préparer un travail, ni une réunion d'où des pertes importantes de temps en bavardages inutiles surtout lorsque les langues sont déliées par le raki, alcool local. Il est quasi impossible de faire une réunion sans comprendre cafés, rakis, cigarettes. Les discussions se font dans un nuage de fumée et au froid vu que les portes et les fenêtres restent ouvertes. Le raki sert donc de chauffage interne... Les individus ne savent plus respecter un horaire de travail, ne savent plus respecter le travail. Ce travail était sensé leur apporter leur pain quotidien mais, en fait, ce pain quotidien étant garanti par le gouvernement, pourquoi faire effort dans le travail. Le travail perd donc son but premier qui est de nourrir la famille.

Mais, il y a pire. Dans la mesure où l'état prenait tout en charge, les albanais ont perdu la notion d'économie. L'électricité étant gratuite, sans compteur, les albanais ont pris l'habitude de tout laisser allumer chez eux, de jour comme de nuit. Avec l'arrivée du matériel électrique ménager, la consommation de courant est extrême, (malgré une production plus importante d'électricité) d'où des baisses de tension importantes dans la journée (impossibilité de faire du repassage à la maison, par exemple), des coupures de courant chaque jour (presque 6 heures/jour) mais à intervalles irréguliers ce qui rend impossible de prévoir un travail regulier. Comment faire comprendre aux albanais que, lorsqu'ils quittent le travail, il leur faut éteindre les lampes, les chauffages électriques ou mêmes les computeurs. Les computeurs sont munis d'un onduleur avec batterie, bien, ce qui permet de faire face aux coupures de courant la journée. Mais lorsque le computeur reste allumé la nuit et qu'il y a coupure de courant, cela décharge la batterie et le lendemain, il est impossible de faire face aux coupures de courant pour travailler.

Il y a le même problème avec l'eau. A Durrës, l'eau est puisée dans la nappe phréatique sous la ville. Les albanais ne payant pas l'eau, ont pris l'habitude de ne jamais fermer les robinets. Et il faut voir cette eau précieuse s'échapper de partout, y compris des citernes mal jointes ou mal réglées, et retourner à la terre d'où elle vient. Il en découle des pénuries d'eau potable qui sont très dures à supporter l'été quand il fait plus de 30° à l'ombre. Comment faire comprendre aux albanais qu'il faut fermer les robinets?

La seule solution est, comme pour l'électricité, l'installation de compteurs dans toutes les maisons, avec contrôle régulier et obligation de paiement. Lorsque l'on voit arriver les factures, tout le monde a envie de faire des économies et ferme les appareils qui consomment l'électricité ainsi que les robinets d'eau. Cela commence à Tirana, mais si cela se fait en grand dans ce pays, il est certain que les albanais n'apprécieront pas et que le gouvernement actuel risque de sauter en se montrant trop exigeant. C'est une question de politique. Que se passera-t-il après les élections?

Les grands hôtels ont des radiateurs partout mais aucun budget pour le chauffage, donc ces grandes masses de béton sont de véritables frigidaires. Mais, là encore, les albanais ne connaissent rien aux économies de chauffage. Vous ne trouverez que peu de restaurants chauffés et généralement dans les hôtels et les restaurants, les portes restent grandes ouvertes parce que les albanais ne les ferment jamais quelque soit le temps dehors. Nous avons fait l'expérience de fermer les portes. Elles ne restent jamais plus de cinq minutes fermées.

Pour les albanais, la majorité de leurs problèmes vient de la démocratie et du capitalisme. Tout va mal depuis l'ouverture au monde extérieur. Un exemple d'un grand hôtel albanais: dans un souci d'efficacité et de rendement, le directeur a été prié de licencier les 3/4 de son personnel. Vu sa mentalité socialiste, il n'a pas pu et s'est retrouvé déclassé et mis à l'accueil. Conclusion des albanais, le capitalisme est mauvais vu qu'il met les gens au chomage. Pourtant rien n'allait bien avant, la situation était tellement mauvaise que le rationnement allait jusqu'à la nourriture.

Pour les albanais, les solutions doivent venir du monde extérieur. Rares sont ceux qui font effort pour changer les choses autour d'eux. Et ceux-là qui ont envie d'avancer rencontrent des freins partout.

Ici, l'administration est encore reine, avec un manque total de communication entre les différents services spécialisés. Et la police, fort nombreuse, fait la loi et cumule les procès verbaux. Il y a 5 ans, il n'y avait pour ainsi dire pas de voiture en Albanie. Les voitures sont arrivées, tout le monde a voulu passer le permis de conduire mais, là aussi, l'enseignement est tellement léger que la majorité des gens ne connaissent rien aux règles de la circulation (également là il est possible d'acheter le permis). Et encore moins la police de la route qui multiplie les barrages et inflige des amendes n'ayant aucun rapport avec la circulation, seulement pour récupérer un peu d'argent. Les policiers albanais avaient reçu ordre d'arrêter les voitures étrangères et de faire payer un maximum. La police multiplie également les confiscations de voitures qu'elle s'octroie allègrement, bloque les voitures de ceux qui travaillent. Pour effectuer tel travail, il vous faut tel type de plaque mais attention les plaques changent sans autre avertissement que le journal télévisé en langue albanaise, attention également tel type de plaque ne vous permet pas de sortir d'un district et d'aller à la capitale pour régler certains problèmes, non, il faut des certificats supplémentaires, des permissions et surtout payer, payer, payer.

Pour le développement du commerce, il faut surtout une coopération des banques. Ici, tout se passe de façon bizarre. Les chèques et les cartes bleues n'existent pas. Les virements peuvent être bloqués et arriver sur votre compte 3 mois plus plus tard. Toute transaction se fait en argent liquide d'où l'arrivée en masse dans les rues de petits changeurs qui, en fait, changent plus d'argent que les banques et souvent à un taux plus interessant. Les changes se font rapidement, de la main à la main et sans frais, ce qui n'est pas le cas dans les banques. Alors, peu importe que ce soit de l'argent sale (drogue, traffic de voitures volées, traffic d'armes, ...), les choses n'avancent pas sans argent. Tous les commerçants en passent par là. Tout ce qui se fait de façon régulière n'avance pas. Il se trouve toujours un chef au petit pied quelque part qui bloque pour essayer de soutirer quelqu'argent pour lui.

Les problèmes de communication sont importants. Les téléphones sont limités dans le pays et les numéros sont encore à 3 chiffres avec opératrices. Alors, pour voir un client, vous prenez votre voiture, sans pouvoir le prévenir de votre arrivée, soit il n'a pas le téléphone, soit il n'a pas de fax, soit le fax est en panne ou en coupure de courant. Vous arrivez chez lui mais bien sûr il est parti lui de son côté en clientèle ou dans un banque où il attend désespérément un crédit qui n'arrive pas pour développer son activité. Vous envoyez un courrier en urgence. Ne vous faites aucune illusion, il arrivera au mieux dans 15 jours avec les autres. Vous attendez un courrier mais il n'arrive pas. Il est bloqué à la poste centrale de Tirana. Vous voulez des timbres et allez à la poste, à côté de chez vous. Elle ne vend pas de timbres mais elle ne prend pas le courrier non plus. Pour poster vos lettres, vous devez prendre votre voiture, si vous en avez une et allez à la poste centrale de la ville. En effet, les postes de quartier aux grands bâtiments bétonnés servent seulement de cabine téléphonique. Bien sûr, il n'y a qu'un seul poste et vous devez faire la queue comme les autres.

Ici, l'individualisme est roi d'où la justification de plus de 40 partis politiques qui remplacent le parti communiste unique. Bien sûr, le gouvernement se veut démocratique mais combien de temps vat-il tenir n'ayant pas de réels moyens d'agir? Chacun prêche pour sa paroisse et personne ne voit l'intérêt primordial du pays et de ses habitants. Mais le communisme a une racine dure dans ce pays. Les habitudes socialistes sont profondément enracinées et les albanais désirent profiter de la société de consommation tout en profitant des avantages du protectorat communiste. Il y a un risque que le pays retourne au socialisme ce qui entrainerait un chaos indescriptible.

D'un côté, les mentalités influencées par 45 ans de communisme ne peuvent pas changer aussi rapidement. De l'autre, paradoxalement, profiter de la société, de consommation exige un changement rapide des mentalités pour éviter une révolte massive due à des frustrations. Les albanais sont comparables à l'expcrience de la cage de Faraday *). Ils connaissent leur prison, ils en ont expérimenté toutes les souffrances. Aujourd'hui, la cage est ouverte, ils voient les bonnes choses à l'extérieur, ils en ont envie mais ont peur de se retrouver dans un monde inconnu, sans la protection de la cage. Une partie s'est enfuie à l'extérieur, en pays étranger, sans espoir ni envie de retour. Les parents conseillent à leurs enfants de fuir ce pays pour eux maudit. Mais la majorité reste dans la cage sans penser un seul instant qu'en modifiant les structures de cette cage, il est possible de faire venir les bonnes choses dedans ou encore mieux en restant ici de supprimer la cage qui est dans leur tête. Alors ceux qui sont restés sur place, sans travail, sans espoir, sans avenir, comptent sur leur parent parti travailler à l'extérieur, l'envoi d'argent pour le pain et le supplément, et restent dans la mentalité communiste d'assistanat, avec le complément musulman: «C'est la volonté d'Allah» pour certains, pour d'autres, c'est le destin.

Marie-France Darcheville



*) L'expérience de la cage de Faraday consiste à mettre un rat dans une cage métallique et à lui envoyer de l'électricité dans les pattes. Au début, le rat va chercher à fuir puis il s'habitue et trouve des moyens pour limiter la douleur (par exemple il s'assoie sur ses fèces). Il s'adapte et adapte sa mentalité à cet environnement. Au bout de quelque temps, on ouvre la cage mais le rat ne sort pas. Il connait très bien sa cage et sa souffrance, a aménagé sa vie en fonction de ses critères douloureux et il a peur de l'extérieur qu'il ne connait plus. Cet extérieur, la liberté, devient alors un danger qui le conduit à préférer rester dans sa cage. C'est ce que font beaucoup d'individus dans la vie de tous les jours. retour

-› Probeabonnements

© newsletter Albanien: Wiedergabe von Text und Bildern in irgendeiner Form nur mit Genehmigung der Redaktion